Poèmes
Découverte de la poésie
Un jour tu as vu.
Tu as vu la réalité.
Ce jour là, tu avais chanté longtemps avec un ami ; le plain chant avait en quelque sorte délacé ton esprit, dénoué tes nerfs et tes muscles pour te laisser finalement, accoudé, sur une épaisse moquette blanche ; attiré par la baie grande ouverte ornée d’une jardinière ton regard s’est tourné vers l’extérieur ; une fleur sur une longue tige oscillait seule sur le ciel ; ton corps en paix, ayant quitté sa gangue ancienne d’idées et de pensées, a pu se relier à cette fleur, petite, mauve, dont tu ne sauras jamais le nom ; la fleur ; par ses pétales translucides, par sa longue tige doucement balancée sur le pâle, tu as connu ta fragilité et le règne du vivant.
Une reliance, un espace dense et invisible s’est instauré qui a permis ce lien ; des souvenirs de fleurs déjà croisées affluent derrière ton front ; ton corps transparent, naissant, se transforme en lignes d’eau pour entrer en elle ; tu deviens pour un instant sorti du temps une fleur aux pétales mauves, toi-même sensible et rayonnant de beauté, incrusté de bleu ; pour le restant de ta vie, tu pourras de la sorte revêtir toutes les formes, communier de l’intérieur avec tout être vivant et jusque dans le corps des astres ; en sortant par la fenêtre de la maison, tu as appris ce qui ne se transmet pas, tu as éprouvé la puissance de la vie ; après avoir été fleur, tu pourras devenir arbre ou maison, pierre, femme, enfant, insecte, montagne ou rivière, machine, rail, perspective ; pour le restant de ta vie, tu quitteras la violence des idées ; le monde des « réalistes » qui croient au sérieux dur comme fer et disqualifient l’intuition à longueur d’agonie ; tu ne parcourras plus le monde hors sol des idéologues, tu ne croiras plus aux illusions funestes d’une civilisation désenchantée.
Seuls les poètes voient le vivant.
Ainsi, il y eut pour toi un avant et un après ; avant tu ne voyais que ta réalité, imprégnée d’émotions que tu projetais sur le monde et qui le déformaient jusqu’à ce qu’il ne ressemble plus à lui-même mais à l’idée que tu t’en faisais ; après, tu accueillis la diversité chatoyante d’un présent toujours renouvelé.
L’homme qui écoute les arbres
Lorsque tu entres dans la forêt, tu sens une présence ; ni agressive, ni bienveillante, légèrement inquiétante ; comme si des dizaines de personnes tournaient soudainement leurs têtes vers toi au moment où tu allais pénétrer dans la salle de bal ; tu te retournes : personne ; tu finiras par admettre qu’il s’agit des arbres ; sans l’avoir voulu, tu viens de pénétrer l’espace des arbres… qui ont senti ton arrivée et te l’ont signifié ; auraient-ils peur de toi comme les oiseaux, les lièvres terrorisés par l’Homme ; tu pourrais presque dessiner leur sphère de vie, la ligne invisible à partir de laquelle, l’air devient plus frais, semble comme fertile, empli de multiples et subtils frémissements ; il faudra un certain temps pour que tu sois accepté par leurs milliards de cellules vertes en éveil.
Ton intuition sent comme un appel ; il te faut approcher du tronc ; l’appel vient-il de lui ? Quoiqu’il en soit, tu as envie de t’approcher de lui ; il est là, devant toi, le vénérable, avec son écorce par plaques grises devant tes yeux et son immensité jaillissante dès que tu regardes en l’air ; pourquoi veut-il t’attirer vers lui ?
« Arbre, me permets-tu de poser mes mains sur ton tronc ? Souhaites-tu communiquer avec moi? J’ai envie de te connaître, de me relier à la vie inconnue que je pressens à travers toi. » Lorsque l’arbre qui me fait face me signifie qu’il est d’accord, je sais que je peux poser mes mains en toute quiétude sur son tronc ; parfois, il arrive que je sente une réticence, cela le dérange, ce n’est pas le bon moment ; alors je m’en vais mon chemin pour ne pas gêner plus longtemps sa longue rumination d’arbre, cette méditation souple entre terre et ciel.
Les pieds bien ancrés dans le sol, les bras légèrement posés sur le tronc centenaire, tu te mets en disposition pour accueillir ce qui peut venir de l’arbre ; parfois tu te colles à lui ; tu écoutes son essence ; comme il existe des familles d’hommes : les noirs, les blancs, les jaunes,… il existe des essences d’arbres : les hêtres, les chênes, les séquoias, les baobabs, les gingkos bilobas,… Ils appartiennent tous à la grande famille des arbres, comme nous appartenons tous à la grande famille humaine, et leurs langues sont aussi variées : on peut ressentir l’écho de leur langue natale par la vibration ; et cette onde invisible, semblable à celle des radios, exsude de leurs écorces, génère des images, des intuitions que tu tenteras de traduire en mots imprécis pour garder signe de l’expérience…
La nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles;
L’homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l’observent avec des regards familiers.
Le poète en nous peut dire les langues du monde, celles des arbres, des animaux, des pierres, du feu et de l’eau, celle des corps, des regards et des consciences ; il peut se relier aux langues originelles. Les arbres parlent à ceux qui passent sans armes et leur silence a un goût de fruit.
L’arbre et le monde t’ouvrent leurs portes si tu le leur demandes avec respect. Si tu prends possession de la nature sans parler avec elle tu commets un acte de violence qui te fermera irrémédiablement ses portes. Tu seras, dès lors, sans t’en rendre compte consciemment, condamné à ne connaître que le monde humain et sa partie humaine seulement ce qui est une source de violence infinie. Intuitivement tu sentiras un manque, un léger malaise, trop léger pour t’alarmer. Par contre si la nature t’ouvre ses portes tu pourras communiquer avec ses différents règnes.
Disque « bleu de sel
Bernard Vanmalle
Auteur-compositeur-interprète, chante depuis plus de 30 ans.
Chansons poétiques
Elles nous parlent de l’enfance et du vent, de la vie intérieure et des arbres, elles nous rappellent le sel de la vie, les grands espaces qui sont notre maison et nous invitent à découvrir la poésie du monde.
Ecouter « bleu de sel »
Vous souhaitez acheter le CD bleu de sel (7,40 € + 2,40 € frais de port)
merci d’envoyer vos coordonnées à l’adresse suivante : vanmalle@orange.fr
Titres et textes
- Parle
- L’enfant-roi
- Les yeux d’Elsa
- L’archange
- Oui à la vie
- Les chevaux du rêve
- La vénus d’Arles
- L’arbre blanc
- La guitarra
- Prière en flamme
1 – PARLE
Texte, musique, chant : B. Vanmalle
Guitare acoustique : F. Régine
à Marie Line
Lorsque tu reviendras de guerre et du profond de la misère
Que tu auras connu la soif et le couteau de la tripière
Lorsque tu seras fait de fer homme de foi homme de gloire
Que tu seras enfin jailli des formes molles de la chair
Tu pourras peut-être me dire tout ce que tu ne peux écrire
Tout ce qui presse qui afflue qui donne à ta force la vue
Qui donne à l’écorce la vie à la rumeur sa poésie
A la folie ce grand silence qui nous plonge dans le bleu
Refrain
Parle dis-moi la vie dis-moi la guerre
Dis-moi la nuit qui nous éclaire
Parle dis-moi le vent dis-moi la Terre
Dis-moi la mer qui nous espère
Dis-moi le cœur dis-moi la pierre
Dis-moi la mort et puis la flamme
Dis-moi au creux de mes oreilles
Comme la mer aux coquillages
Ce frisson qui descend aux reins
Par le chemin et par la route il faudra bien que je t’écoute
Que tu dises ce qui te brise ce qui te tue ce qui t’étreint
Que la vie sorte de ta bouche comme un refrain une rivière
Une parole de lumière une fée au bel horizon
Je peux entendre tes paroles tes mots qui pleurent tes mots qui rient
Tes mots qui n’ont plus de visage et tes mots clairs comme nuages
Mon cœur est large et tout ouvert comme des bras sur le ciel clair
Donne tes mains donne tes vagues mon amour a besoin du tien
Refrain
Écoute écoute ô mon amour le bruit que fait un grand amour
Es-tu le fleuve ou bien la mer ou bien le fleuve dans la mer
Je ne sais pas je ne sais plus j’entends des phrases inconnues
O toi qui vas dans le sommeil immense fut notre réveil
Un chant se lève dans ma bouche la voix des hommes est dans ma voix
Je ne sais plus si je te touche mais je ne parle que de toi
Le bruit que fait un grand amour c’est à vos lèvres ô mon amour
A toutes fêtes de mémoire que je l’envoie que je l’envoie
2 – L’ENFANT-ROI
Texte, musique et chant : B. Vanmalle
Accordéon diatonique : F. Heim
Violon : P. Thorel
Entre la pourpre et l’or
Au milieu de son décor,
Parmi la biche,
Le lion et la licorne
Sur une route sans bornes
S’en vient l’âme féconde, l’enfant-roi.
Il tient dedans sa main
Un sceptre fait de pain,
Il porte sur sa tête
Une couronne en carton
La cape d’or de ses rêves
Aile, flotte sur son dos…
Quelle claire puissance
Que l’esprit de l’enfance
Qui crée une planète
Avec trois allumettes !
Là, se tient très droit,
L’enfant-Roi !
Il règne sur un monde
De cailloux faits bijoux,
D’herbes et de choux,
De fûtes chantant l’hibou :
Tu te mets à genoux,
Et pour lui, deviens un Fou…
Par la grâce des mots
Qui brillent sur ses lèvres,
Par la force des mains
Qui délivrent l’espace,
Qui meurt, qui rit,
Qui traverse la glace…
Quelle claire puissance
Que l’esprit de l’enfance
Qui crée une planète
Avec trois allumettes !
Là, se tient très droit,
L’enfant-Roi !
3 – LES YEUX D’ELSA
Texte : L. Aragon
Musique et chant : B.Vanmalle
Guitare flamenca : J.Carmona
Tes yeux sont si profonds qu’en me penchant pour boire
J’ai vu tous les soleils y venir s’y mirer
S’y jeter à mourir tous les désespérés
Tes yeux sont si profonds que j’y perds la mémoire
Puis le beau temps soudain se lève et tes yeux changent
Le ciel n’est jamais bleu comme il l’est sur les blés
Tes yeux rendent jaloux le ciel d’après la pluie
Le verre n’est jamais si bleu qu’à sa brisure
Moi je voyais briller au-dessus de la mer
Les yeux d’Elsa les yeux d’Elsa les yeux d’Elsa
Des insectes défont leurs amours violentes
Je suis pris au filet des étoiles filantes
Et j’ai brûlé mes doigts à ce fruit défendu
O paradis cent fois retrouvé reperdu
Tes yeux dans le malheur ouvrent la double brèche
Il advint qu’un beau soir l’univers se brisa
Mère des sept douleurs ô lumière mouillée
Sept glaives ont percé le prisme des couleurs
L’iris troué de noir plus bleu d’être endeuillé
Moi je voyais briller au-dessus de la mer
Les yeux d’Elsa les yeux d’Elsa les yeux d’Elsa
Moi je voyais briller au-dessus de la mer
Les yeux d’Elsa les yeux d’Elsa les yeux d’Elsa
Tes yeux sont si profonds qu’en me penchant pour boire
J’ai vu tous les soleils y venir s’y mirer
S’y jeter à mourir tous les désespérés
Tes yeux sont si profonds que j’y perds la mémoire
Moi je voyais briller au-dessus de la mer
Les yeux d’Elsa les yeux d’Elsa les yeux d’Elsa
4 – L’ARCHANGE
Texte, musique et chant : B. Vanmalle
Guitare acoustique : F. Régine
En hommage au film L’équipier de Philippe Lioret
Il est parti comme un ange, là-bas
Comme une fille, c’est étrange, là-bas
Personne ne te dérange, là-bas
Pas même le nuage, là-bas…
Dans l’explosion très blanche, là-bas
De St Jean, voici le phare, là-bas
Du feu sur le large, là-bas
Qu’emporte l’eau profonde, là-bas…
Il est parti l’archange, là-bas
Les ailes couleur d’orage, là-bas
Il glisse sur l’immense, là-bas
Soleil de sa puissance, là-bas…
Seules des femmes sans âge, là-bas
Parlent encore du Dimanche, ici-bas
Les yeux sur la lande, là-bas,
Il pleut sur ton visage, là-bas…
Toutes les rues et les songes, là-bas
Se mêlent aux vrais mensonges d’ici-bas
Du feu sur la langue, là-bas
Il est parti, c’est plus sage, tais-toi…
5 – OUI A LA VIE
Texte : C. Forgeot
Musique et chant : B. Vanmalle
Guitare acoustique : F. Régine
Accordéon diatonique : F. Heim
Violon : P. Thorel
A Caroline et Marine [column width= »47% » padding= »6% »]Je tchétchène et je darfour
J’indien du Chiapas et je touareg
Je kurde j’amérindienne j’aborigène j’arménienne
Je mineur de Courrières ou d’Ukraine dans le grisou
Je mineur dans la chaleur de la Serra Pelada
Je femme aux paniers si lourds
Je coupeur de canne à Cuba
Je prisonnier au goulag et je sacrifié à Tchernobyl
J’iqbal masih esclave à quatre ans
Je le porte assassiné à douze
Oui à la vie à l’utopie foisonnante
Oui à la vie à la quête permanente
Oui à la vie à l’eau patiente
Oui à la vie
J’apollinaire je poilu au chemin des dames
Je chanson de Craonne et je chant des partisans
Je communiste libre j’anarchiste je juive et je tzigane
Je chilien j’argentine et je sarajevo
Je mandela je massoud je martin luther king je gandhi
J’inuit et j’étoile
Je sud et je nord je planète toute entière
Je monod l’inusable je rabhi et je jacquard
J’anonyme et je tant d’autres
Refrain[/column]
[column width= »47% » padding= »0″]J’arbre j’orang-outan je panda et je giono
Je neruda je lorca je jara les mains broyées
J’eluard j’octavio paz je laâbi derrière les barreaux
Je tous les murs de la honte quand ils s’effondrent
Je rostropovitch je faucheur et je greenpeace
Je woodstock avec joie
J’evora je brassens je compay segundo
Je ferrat je ferré je grand jacques et sa fraternité
Je dictionnaire et je poème je pluie et je soleil
Je ma fille et je mon fils je papa et je maman ensemble
Je cigale j’abeille je pour les yeux d’une vache
Je cosmos ma seule communauté
J’irakienne je palestinienne j’israélienne apeurées
J’ouvrière je salarié pauvre
Je décroissance je porto alegre
J’anna politovskaïa j’art j’arte je satrapi
Je pirogue des mots et des fontaines
Je jour et je nuit pour écrire
Je migre vers la pacification du monde
Oui à la vie à ta beauté rayonnante
Oui à la vie à ce grand cri qui m’enfante
Oui à la vie à la feuille blanche
Oui[/column]
6 – LES CHEVAUX DU RÊVE
Texte : A. Benedetto
Musique et chant : B. Vanmalle
Guitare douze cordes : M. Gentils
Sous les paupières la mer, la mer est entrée
Entre la terre et le ciel sur le visage abandonné.
L’eau amère se retire et tous les chevaux du rêve
Venus du large t’éblouissent.
La dormeuse en secret marche à longues foulées.
Comme si morte comme si morte
Tu n’étais pas, tu n’étais pas morte…
Aux lèvres une grenade pour y mordre l’exil
Tes hanches de bois souple et la gorge de ta plainte
Et tous les cheveux des grèves
Cette morsure qui plie qui se tord et s’abîme
Ta paume se souvient des mémoires anciennes
Comme si morte comme si morte
Tu n’étais pas, tu n’étais pas morte…
Comme de nous mêmes, nous nous sommes confiés
Au sable du rêve couronné d’une tour
Au plus vrai au plus ardent avec la mer en dedans
Dans une amande bleue
7 – LA VENUS D’ARLES
Texte : T. Aubanel
Musique et chant : B. Vanmalle
Guitare acoustique : F. Régine
Clarinette en bois d’olivier : M. Pellegrino
[column width= »47% » padding= »6% »]O blanco Venus d’Arle, o rèino provençalo,
Ta testa èi fièro e douço, e tendramen toun còu
Se clino. Respirant li poutoun e lou rire,
Ta fresco bouco en flour de-qu’èi que vai nous dire ?
Se vèi que sies divesso e fiho dòu cèu blu ;
Ti long péu sus toun front pèr oundado frisa,
Li poumo de toun sen tant redouno e tant puro.
Oh ! sènso la bèuta de-que sarié lou mounde?
Sies bello, o Venus d’Arle, à faire veni fòu !
Sies bello, o Venus d’Arle, à faire veni fòu !
La bèuta te vestis mies que ta raubo blanco;
Fai vèire ti bras nus, toun sen nus, ti flanc nus !
Laisso à ti pèd toumba la raubo qu’à tis anco,
Abandouno toun vèntre i poutoun dòu soulèu !
Mostro-te touto nuso, o divino Venus !
Laisso dins mi brassado estregne en plen ton maubre;
Laisso ma bouco ardènto e mi det tremoulant
Courre amourous pertout sus ton cadabre blanc !
Sies bello, o Venus d’Arle, à faire veni fòu !
Sies bello, o Venus d’Arle, à faire veni fòu !
O douço Venus d’Arle ! o fado de jouvènço !
Souto aquelo car bruno, o Venus ! i’a toun sang,
Sèmpre viéu, sèmpre caud. E nòsti chato alerto,
Vaqui perqué s’en van la peitrino duberto ;
E nòsti gai jouvènt, vaqui perqué soun fort
I lucho de l’amour, di brau et de la mort;
E vaqui perqué t’ame,- e ta bèuta m’engano-
E perqué, iéu crestian, te cante, o grand pagano !
Sies bello, o Venus d’Arle, à faire veni fòu !
Sies bello, o Venus d’Arle, à faire veni fòu !
Foù, foù, à faire veni fòu !
Foù, foù, à faire veni fòu !
[/column]
[column width= »47% » padding= »0″]O blanche Vénus d’Arles, ô reine provençale,
Ta tête est fière et douce et tendrement ton cou
S’incline. Respirant les baisers et le rire,
Ta fraîche bouche en fleur que va-t-elle nous dire ?
On voit que tu es déesse et fille du ciel bleu,
Tes longs cheveux sur ton front frisés par petites ondes,
Les pommes de ton sein, si rondes et si pures :
Oh ! sans la beauté, que deviendrait le monde ?
Tu es belle, ô Vénus d’Arles, à rendre fou !
Tu es belle, ô Vénus d’Arles, à rendre fou !
La beauté te revêt mieux que ta robe blanche,
Montre-nous tes bras nus, ton sein nu, tes flancs nus,
Laisse à tes pieds tomber la robe de tes hanches,
Abandonne ton ventre aux baisers du soleil !
Montre-toi toute nue, ô divine Vénus !
Laisse-moi dans mes embrassements étreindre en plein ton marbre,
Laisse ma bouche ardente et mes doigts frémissants,
Courir amoureux partout sur la blancheur de ton corps.
O douce Vénus d’Arles ! ô fée de jeunesse !
Sous cette chair brune, ô Vénus, il y a ton sang,
Toujours vif, toujours chaud. Et nos jeunes filles alertes,
Voilà pourquoi elles s’en vont la poitrine découverte ;
Et nos gais jeunes hommes, voilà pourquoi ils sont forts
Aux luttes de l’amour, des taureaux et de la mort.
Et voilà pourquoi je t’aime – et ta beauté m’ensorcelle-
Et pourquoi, moi chrétien, je te chante, ô grande païenne !
[/column]
8 – L’ARBRE BLANC
Textes, musique et chant : B. Vanmalle
Guitare : F. Régine
Intro
Et l’arbre devient grand
Il pousse et pousse dans ton sang
Il faudra dire à nos enfants
Qu’il prend son temps
Qu’il sait prendre son temps
Et sur sa peau d’écorce
Sont tracées des cicatrices
Des cicatrices au couteau d’amour
Et pour toujours
Accords + chants
Ses feuilles vertes, ses feuilles jaunes
Parsèment à tout vent
Des lettres vertes, des mots en fleurs
Et quelques chants…
Break guitare
En toi pousse le vent
Son chant bruisse dans ta bouche
Il ouvre tes bras, tes doigts,
Plante racines sous tes pieds
Lorsque tu seras vieux
Comme un éléphant de bois
Dans la nuit qui sème à tout vent
Brillera l’arbre blanc
Brillera l’arbre blanc…
Rythme gnawa
9 – LA GUITARRA
[column width= »47% » padding= »6% »]Texte : F. G. Lorca
Musique et chant : B. Vanmalle
Guitare flamenca : J. Carmona
Empieza el llanto de la guitarra.
Se rompen las copas de la madrugada.
Es inùtil callarla. es imposible.
Oh, guitarra ! como llora !
Ay ! como llora la guitarra !
Corazon malherido por cinco espadas.
Llora monotona como llora el agua,
Llora monotono como llora el viento,
Llora por cosas lejanas sobre la Nevada.
R
Arena del Sur caliente que pide camelias blancas.
Llora flecha sin blanco, la tarde sin manana,
Y el primer pàjaro muerto sobre la rama.
[/column]
[column width= »47% » padding= »0″]Traduction :
Commence la plainte de la guitare
Les coupes de l’aube se brisent
C’est inutile de vouloir la faire taire.
C’est impossible.
Oh guitare ! hélas comme pleure la guitare !
Cœur blessé par cinq épées.
Elle pleure monotone comme pleure l’eau
Elle pleure monotone comme pleure le vent
Elle pleure pour des choses lointaines sur la montagne enneigée
Sable chaud du sud qui appelle des camélias blancs
Elle pleure flèche sans but l’après midi sans matin
Et le premier oiseau mort sur la branche
[/column]
10 – PRIÈRE EN FLAMME
Texte, musique et chant : B. Vanmalle
Voix : M. Roux
Seigneur, la vie, l’amour, les jours
Nous emportent,
Seigneur, le feu qui nous éclaire
Aussi nous dévore.
Comme feuille de l’arbre,
Comme branche de l’arbre,
Comme l’arbre tout entier,
Ce qui se consume.
Seigneur, la vie, l’amour, les jours
Nous emportent,
Seigneur, le feu qui nous éclaire
Aussi nous dévore.
Comme feuille de l’arbre,
Comme branche de l’arbre,
Comme l’arbre tout entier,
Tout ce qui s’élève.
Seigneur, la vie, l’amour, les jours
Nous emportent,
Seigneur, le feu qui nous dévore
Aussi nous éclaire.
Disque et spectacle « Visages du vent »
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Titres et textes
- Bleu de sel
- La ville d’or
- Aura de nuech
- Je reviens d’Immensité
- Le chemin de l’étoile
- Frère de mémoire
- Le convoi
- Poésie
- Le fantôme
- Aigle ébloui
- Esprit sauvage
1 – BLEU DE SEL
Chant : Bernard Vanmalle. Guitare : Frédéric Régine
Quand la voile claque !
Quand la toile craque !
Quand la voile claque !
Quand la toile claque au vent !
le vent s’amuse, t’éclate!
le vent s’amuse, te plaque!
le vent s’amuse, t’éclate!
le vent s’amuse, te plaque au foc!
Quand l’étrave trace !
Quand l’étrave fend !
Quand l’étrave trace !
Quand l’étrave fend le vent !
La vague verte s’élève,
la vague verte déferle…
La vague verte déferle,
lance des milliers de perles…
Tu t’envoles et tu pars, ô navire !
Tu décolles et tu cabres, ô délire !
Le bleu des regards succombe,
le blanc du feu brûle l’air…
Dis le goût du sel !
Dis le goût du ciel !
Dis le goût du ciel !
Dis le goût du bleu de sel !
Par les dents, vigueur, victoire,
Dans la, gicle, bouche, rire !
Par les dents, vigueur, victoire,
Dans la bouche, gicle, ris !
Dis le goût d’amer !
Dis le goût d’amour !
Dis le goût d’amer !
Dis le goût d’amer amour !
Deux citrons dans la lumière,
Le temps des grandes conquêtes…
Deux citrons dans la lumière
Proclament ton dû de gloire…
Tu t’envoles et tu cabres, ô navire !
Tu décolles et tu craques, ô délire !
Le bleu des regards succombe,
le blanc du feu brûle l’or…
Quand la nuit s’étend !
Quand la nuit se tend !
Quand la nuit s’étend !
Quand la nuit sans lune luit !
La longue corde s’enroule,
houle brisée par le bruit !
La longue corde t’enroule,
houle grisée par le cri !
La coque d’acier !
Le choc meurtrier !
La coque d’acier !
Le choc meurtrier !
Le canon glacé qui heurte,
O ligne de main si fine…
Le canon glacé qui heurte,
O ligne de vie sans fin…
Tu t’envoles et tu pars, ô navire !
Tu décolles et tu cabres, ô délire !
Le bleu d’écume nous lave,
corps accablé se délave…
Tu t’envoles et tu pars, ô navire !
Tu déchires et tu craques, ô délire !
Sur voile de fond qui flambe,
la toile de sang s’étoile…
2 – LA VILLE D’OR
(Chant : Bernard Vanmalle. Flûte traversière baroque : Raymond Ott. Guitare : Frédéric Régine)
O ville d’or, phosphore qui brûle sur l’azur,
Des chemins de lumière s’ouvrent sur le bleu du verre.
Le regard tendre et fort d’un enfant qui s’éveille
Et le chant sans retour, le chant, le chant, le chant…
Ces caresses qui bruissent,
Sur le sable s’étalent.
Chante ! advienne que pourra,
Sur le ciel qui flamboie,
Je verrai ton visage.
Chante ! toi l’aimée qui viendra,
Par la porte des bras,
J’entrerai dans ta vie.
Sur les toits, sur les lignes, sur la longue coupole,
Comme une main se donne, s’ouvre un soleil-corolle.
Sur la ville très pâle qui dormait dans le bleu,
Bleu-tendresse, bleu-nuit, bleu-du-ventre, bleu-vie.
Comme un lys dedans l’ombre,
J’entrerai dans ta nuit.
Chante ! advienne que pourra,
Sur le ciel qui flamboie,
Je verrai ton visage.
Chante ! toi l’aimée qui viendra,
Par la porte des bras,
J’entrerai dans ta vie.
La ville sans arrêt nous pousse à marcher,
Le bord des rues s’effondrent et je me fonds dans l’ombre ;
D’innombrables nuages s’étagent par le vent,
Impalpable lenteur, impassible splendeur,
Face à la ville d’or qui sans cesse s’élève
Et sans cesse s’éloigne d’une Terre-Océan…
Chante ! que voilà de beaux draps
Qui s’envolent là-bas
Comme des ailes blanches.
3 – AURA DE NUECH
VENT DE NUIT
(Chant, guitare : Bernard Vanmalle)
Il est le jour, il est la nuit,
Et parfois ton ami, parfois ton ennemi,
Il glisse sur le temps avec un bruit de fleuve
Et s’insurge des roches qui s’émeuvent.
La peau des terres ocres, le fantôme des sables,
Et l’écume des neiges qui hurlent d’amertume
Et fait cracher de rage la vague, de rabia, de rabia.
Parfois le vent nous pousse hors de nos frontières
Et de nos pas nomades, il fait une chanson,
Un chant de lettres en terre, le chant de l’orage,
Qui nous donne la fièvre et nous donne el son.
S’insinue dans les failles, s’infiltre sous les mousses,
Dégrafe ta fenêtre pour jouir infiniment de ton âme.
Sa chevelure verte dénouée comme l’algue molle
Il est la nuit qui mord,
Il est le firmament, il est le vent…
Le maître sans conteste des tours abandonnées,
Et des îles et des villes, qui éclairent la nuit
Comme étoiles terrestres.
Il est le temps qui presse et le jour qui se lève sur ta lèvre,
Il est le jour qui court et la nuit qui se livre
Comme ton amour ; parfois il dit la mort.
Il est le vent, il est la nuit, et les enfants lui sourient.
Les plus grands parmi les arbres s’inclinent sous sa poigne,
Soulèvent en bruissant leurs crinières-feuillages ;
Il est l’amant des champs qui ploient
Comme femmes molles.
L’écume sucrée du Soleil des morts,
Ce liquide rongé par des fleurs plus rouges ;
Et des îles et des villes qui éclairent la nuit,
Il est la plainte qui glisse sous ta chair d’aiguilles.
Le souffle du temps, l’écume des mots,
Il est devant, comme un homme se lève,
Comme les foules clament leur rancœur
et leur haine, il est devant.
Il est le jour, il est la nuit,
Et parfois ton ami, parfois ton ennemie,
AURA DE NUECH
(Traduction en provençal de Jean Claude Babois)
Es lo jorn, es la nuèch,
De coups que li a ton amic, de coups que li a ton enemiga,
Resquilha sus lo temps amé un bruch de flume,
S’encanha dins lei rocas esmogudas.
La pèu dei tèrras d’ocre, la trèva deis arenas,
E l’escuma de nèus orlantas d’amarum
E fa ‘scupir de ràbia l’èrsa, de ràbia, de ràbia.
De coups lo vent te bota foara dei frontieras
De tei pas barutlaires, fa una cançon,
Un cant de letras en terra, lo cant de la chavana,
Que te balha la febra e te balha el son.
Raja dins lei falhas, trespira dins lei mossas,
Desgrafa ta fenèstra per gausir de ton arma longament,
Ta cabeladura foala e vèrda desnosada
Come d’algas molas. Es la nuech que mord,
Es l’estelum, es lo vent.
Lo mèstre vertadier dei torres abandonadas,
E deis islas e deis vilas, qu’enluson la nuèch
Coma estelas terestras.
Es lo temps que s’abriva e lo jorn que se lèva sus ta labra,
Es lo jorn que corre e la nuech que se dona
Coma ton amor ; de coups ditz la moart.
Es lo vent, es la nuèch, e lei mossi risoléjon.
Lei mai grands dintre leis aubres se plégon de ton ponh,
Soslèvon brusejant sei crenieras-fuelhages;
Es l’amant dei camps que plégon
Coma fremas molas.
L’escuma sucrada dau soleu dei moarts,
Quest liquide rosigat per de flors maï rojas ;
E deis islas e dei vilas qu’enluson la nuèch,
Es lo vent que resquilha sos ta carn d’agulhas.
Lo bof dau temps, l’escuma dei mots,
Es davans, coma un ome s’enaura,
Coma la fum chama sa rancoar
E son ira; es davans.
Es lo jorn, es la nuèch,
De coups que li a ton amic, de coup que li a ton enemiga,
4 – JE REVIENS D’IMMENSITÉ
(Chant : B.Vanmalle. Piano : Christine Vanmalle)
Je pense à toi le soir quand la lune s’allume
Je pense à toi la nuit ton visage s’éclaire
Disque ouvert sur l’espace dans la pâleur des rêves
La pâleur des lèvres
Je pense à toi le soir quand le soleil s’éloigne
Que la rive s’écarte de mes pas obscurs
Je pense à toi limpide comme un nombril d’étoiles
Dans la rumeur de mes songes
Infiniment
Nos gestes tracent des clartés
Infiniment
s’ouvre la mer
La mer perpétuelle
La mer perpétuée
Par la nuit qui nous baigne par l’intime plongée
Par les flaques de lune sur l’instant éclairé
Du dedans de la houle poussée par le vent
Du dedans de la dune poussée par le temps
Une vague s’élève
Que mon âme s’égare dans la course des astres
Que ma chair s’éparpille aux quatre lunes inverses
Sur la courbe d’un rein au plus clair de la vasque
Je ne serai plus rien que naissance en ton ventre
Ton ventre terrestre
Infiniment
Nos gestes tracent des clartés
Infiniment
s’ouvre la mer
La mer perpétuelle
La mer perpétuée
5 – LE CHEMIN DE L’ÉTOILE
(Chant, guitare : Bernard Vanmalle)
Quand le jour vient à la pointe des terres
Quand le jour point sur la peau des grandes pierres
Il est encore temps de tenter toute l’aventure
Il est encore temps d’ouvrir la porte du vent
Le vent n’a pas d’ombre, il n’a pas de couleur
Le vent n’a pas de chair, ne connaît pas la peur
Laisse grandir,laisse partir tes filles
Sans rien leur dire, sans les retenir
Toi l’homme-force, l’homme-écorce, l’homme-femme
Toi l’homme-faille, l’homme-fable, l’homme-enfant
Le vent n’a pas d’ombre, il n’a pas de couleur
Le vent n’a pas de chair, ne connaît pas la peur
La toile ancienne des blanches mariées
L’étoile-moulin qui remonte de l’eau
C’est le vent qui pousse ta voile
Loin, loin, loin, sur le chemin de l’étoile
C’est le vent qui pousse ta voile
Vers des soleils qui ne meurent jamais
6 – FRÈRE DE MÉMOIRE
(Chant : Bernard Vanmalle. Guitare : Frédéric Régine)
Voici longtemps déjà que tu traces ta route
D’une ligne sans fin à l’écume navire…
L’errance, l’espérance sans aucun doute ;
Voici longtemps déjà que s’ouvre l’aventure…
Ulysse, mon ami, mon frère de mémoire,
Dans l’insouciance encore de la mort…
Tu nous reviendras au dernier cri du soir
Vêtu de ton vêtement d’ailes
Et c’est un chant de mer
Comme il n’en fut jamais chanté !
Et c’est la mer en nous
Qui le chantera !
La femme qui te sert et puis qui t’enveloppe,
Qui te transforme et te métamorphose…
Les sirènes de Nuit qui volent dans le noir ;
La mer mouvante la mer gluante contre la nuit des choses…
Tu cherches la moitié de toi même,
Ta part fidèle et tendre, ta page de lumière…
Les souffles du ventre enflent ta mâture ;
Et les ailes aux pieds et les armes aux dents !
Et c’est un chant de mer
Comme il n’en fut jamais chanté !
Et c’est la mer en nous
Qui le chantera !
Des villes hautes s’éclairaient sur tout leur front de mer
La mer en nous portant son bruit soyeux du large
Inonde, ô brise, sa naissance !
De ce pur émoi du cœur dont j’ignore la source
Ulysse, mon ami, mon frère de mémoire,
Dans l’insouciance encore de la mort…
Tu nous reviendras au dernier cri du soir
Vêtu de ton vêtement d’ailes
7 – LE CONVOI
A tous les exilés
(Chant : Bernard Vanmalle. Guitare : Frédéric Régine. Saxophone : Anaïs Vanmalle)
Sur la route en terre qui poudroie
Et file devant nous file tout droit
Sur la terre si dure qui nous broie
Tu laisses ton cœur s’ouvrir à la joie
Sur la route de poussière le convoi
S’étale sans fin tu ne sais pas
Où s’en va cette ligne vers quel bois
Où s’en va-t-elle et pourquoi
Tu ne sais rien de la vie qui t’appelle
Tu te laisses porter par ses ailes
Par sa gloire au souffle de cendre
Tu ne pourras plus redescendre
Avance avance le convoi
Dans l’espérance d’un vrai toit
A l’horizon le soleil qui se noie
Ses bras rouges écartés comme une croix
Lorsque la route longue s’achèvera
Lorsque le convoi s’arrêtera
Chacun descendra le corps fait de bois
Chacun partira se séparera
Écoute là-bas la chanson
Des marins qui chantent la saison
C’est l’été qui détache les blés
Regarde là-bas les voiles s’envoler
C’est l’été qui détache les blés
Il nous faut aller au bout du quai
Des nuages jaunes sur les machines
Sur la vitre je te dessine
Comme les hommes espèrent un vrai toit
Comme les hommes regrettent la joie
Sur la route en terre qui poudroie
Et file devant nous file tout droit
Sur la terre si dure qui nous broie
Tu laisses ton cœur s’ouvrir à la foi
8 – POÉSIE
(à partir d’un poème d’Albertine Benedetto ; Chant, guitare : Bernard Vanmalle)
Arrivée de si loin elle rafraîchit encore les lèvres venue de si loin
venue de si loin par les orages et les pluies qui lancinent
par les brouillards d’après l’enfance elle a ce goût de pierre et d’ombre comme on boirait à l’eau d’un très vieux puits
poésie l’île entière du regard
par les brouillards d’après l’enfance elle a ce goût de pierre et d’ombre comme on boirait à l’eau d’un très vieux puits
Longtemps elle a creusé tous les ensablements jusqu’à trouver le vent
jusqu’à trouver le vent qui lève soulève secoue le temps
qui lève soulève le temps temps de se mettre en mouvement de prendre le vent
poésie l’île entière du regard
par les brouillards d’après l’enfance elle a ce goût de pierre et d’ombre comme on boirait à l’eau d’un très vieux puits
Fluide l’eau s’échappe de ses veines pour couvrir la terre obscure
froide la pluie peuplée de songes s’éloigne comme une muraille
elle donne l’eau noire des grottes les fleuves chargés de soupirs
les fleuves longs de souvenirs dans son courant glissent visages
poésie l’île entière du regard
comme blessure de lumière un chant solaire un chant-couleurs
tu chantes la mer sans rivages en ligne pure un appel d’air
Sans autre amer que la langue avant l’espérance du chant
quand arrive la voix venue de si loin qu’elle ramène l’enfance le jardin et le puits
où l’eau claire tournait
et passe le chemin des mondes et passe l’ombre d’oiseaux blancs
elle ouvre les nuits fécondes les regards des morts fertiles
elle ouvre les yeux les oreilles les mains et les sexes
9 – LE FANTÔME
(Voix : Bernard Vanmalle. Bol de cristal : Didier Rauzy)
C’est le grand-père avec ses yeux bleus
Qui traîne quelque part sur la terre
Il était là dans ce château
Comme un pauvre hère qui se désespère
Tu souffres grand-père
Tu souffres grand-père
Il rôde quelque part, tu sens sa présence
Il est quelque part, il flotte sur la terre
Il vient de loin, il vient de tard
C’est un grand trou de fièvre
Tu souffres grand-père
Tu souffres grand-père
Moi, je te connais et puis je t’aime
Je vais te trouver des chrysanthèmes
Donne à la lumière ton plus grand mystère
Viens je vais te trouver un peu de bonne terre
Ne souffre plus grand-père
Ne souffre plus grand-père
10 – AIGLE ÉBLOUI
(Voix : Bernard Vanmalle. Didgeridoo : Didier Rauzy)
Les grands aigles s’envolent au-dessus des nuages
Ils planent sur le vent se posent dans l’azur
Suspendent leurs silences
Ils nous disent les Vents qui dédaignent les plaines
Les horizons courbés sur des lignes trop pures
Ils nous transpercent
pulvérisent les Temps les lignes adverses
Déchiquètent le Doute la Peur et la Faiblesse
Adieu noirceurs humaines fourmillantes de rêves
Les grands aigles s’élèvent en spirales montantes
Ils nous disent le Vide et le souffle du Chant
Ils nous élèvent
Nous enlèvent sur leurs ailes immenses
Sur les traces d’un corps tout emplumé d’or
Sur les rythmes du sang et les trois cris d’enfant
Je piétine ma vie j’en appelle à ton cri
O toi l’Aigle ébloui
Délivre-moi délivre du Vertige
Aveugle moi la Nuit
J’accomplis ici-bas ma profonde existence
Le frémissement jaune de l’arbre de l’enfance
D’un vol souple et serein aux espérances pleines
D’une vague sans fin l’écume des montagnes
Les lignes bleues du monde
11 – ESPRIT SAUVAGE
Á Thierry Hamy
(Chant, guitare : Bernard Vanmalle. Didgeridoo, guimbarde : Didier Rauzy. Tambour : Frédéric Régine)
Ah na ma na ah na ma na no-o
Ah na ma na ah na ma na no
Esprit sauvage, voles-tu dans l’air au-dessus de nos têtes ?
Esprit sauvage, voles-tu dans l’air?
Comme un cheval fou qui descend sur le monde,
Comme un cheval fou qui vole dans les airs !
Esprit sauvage, coules-tu dans l’eau qui brille sous nos pieds ?
Esprit sauvage, coules-tu dans l’eau ?
Comme un cheval fou qui descend sur le monde,
Comme un cheval fou qui vole dans les airs !
Esprit sauvage…
Esprit sauvage, souffles-tu le vent qui pousse les nuages ?
Esprit sauvage, souffles-tu le vent ?
Comme un éclair noir qui brise tous les arbres,
Comme un éclair noir qui brûle les regards !
Esprit sauvage, chantes-tu l’amour qui vibre dans ma gorge ?
Esprit sauvage, chantes-tu l’amour ?
Comme un éclair noir qui brise tous les arbres,
Comme un éclair noir qui brûle les regards !
Ah na ma na ah na ma na no-o
Ah na ma na ah na ma na no
SPECTACLE « Visages du vent »
Musique et chant : Bernard Vanmalle
Le chanteur est accompagné au calame par Thierry Hamy, calligraphe, peintre et sculpteur.
Alliant dessins et calligraphies diverses – gestuelle latine, arabe, hébraïque et sanskrite, Thierry trace dans l’argile des paysages, des formes et des mots éphémères inspirés des chansons. Ses gestes épousent la musique et notre regard suit les surprenantes traces de ce voyage intérieur.
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Présentation de Thierry Hamy
Thierry Hamy, peintre et sculpteur, exerce son art dans un atelier du vieux village de la Garde (Var). Depuis plus de 35 ans, il suit un chemin artistique et spirituel authentique qui touche le cœur et ouvre l’âme à l’amour.
Depuis plusieurs années, il collabore avec Bernard Vanmalle pour créer des spectacles mêlant chants et calligraphie exécutée en direct. Ont ainsi été créés le spectacle Bleu de terre et Visages du vent. Toutes les œuvres présentées sont des traductions des chansons interprétées par Bernard.
Extraits du spectacle :
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