PORTRAIT CHINOIS

Poésie numérique

Mots animés par ordinateur, scénarii poétiques, la calligraphie se fait mouvement et raconte une histoire.

PORTRAIT CHINOIS

DES SENS ANİMÉS

 Portrait chinois. Poème numérique collaboratif

  1. 4mn 40s

Poème : Albertine Benedetto

Scénario : Bernard Vanmalle

Typographie : Quentin Caillaud

Bande sonore : Mehdi Kernachi

Design graphique : Estelle Vanmalle

TEXTE  : Portrait chinois

Il se tient droit dans la lumière, divise l’espace d’un geste sûr. Sa main commande l’envol des signes. Au portrait chinois il serait oiseau. Pourtant il est plus solide que la pierre des montagnes qui s’effrite sous le pied, plus ferme que la dune qui glisse sous la langue du vent, plus lent que la flèche qui joint l’arc à la cible. Il ne tremble pas dans l’inquiétude du monde jeté entre les galaxies, ne frémit pas des nouvelles du soir. Il se tient là, dans l’élégance de la trace juste, il est le sol, le papier, le ciel où se peint le poème. Il est le calligraphe.

Poème d’Albertine Benedetto de la série « PHOTOGRAMMES »

TEXTE CRITIQUE

« Des écrits aux écrans », une installation de Bernard Vanmalle présentée à la Maison du Livre de Bruxelles, invite à la découverte d’une oeuvre de poésie visuelle orignale en même temps qu’elle ouvre de belles perspectives sur les multiples possibilités de développements que le numérique offre à la production littéraire.

Dans « Portrait chinois », la dynamisation verbale concerne un texte entier. Bernard Vanmalle définit son rôle dans l’élaboration de cette œuvre toute récente (2015) comme celui d’un scénariste. En effet, il n’est pas l’auteur de l’écrit exploité visuellement, qui est dû à Albertine Benedetto, mais le concepteur de sa mise en image. Son rôle ne s’arrête pas là, pour autant, puisqu’il est aussi le commanditaire et le coordinateur des contributions (design, infographie, musique, typographie) qui conduiront à la réalisation du produit final. Il est enfin l’auteur d’un certain nombre de signes visuels, de graphèmes qui, une fois scannés et numérisés, formeront le lexique de base de l’animation.

Le texte initial est une prose poétique qui décrit la gestuelle d’un calligraphe chinois et que l’on découvre progressivement à l’écran, en fonction d’un découpage lié à sa syntaxe propre :

            Il se tient droit dans la lumière, // divise l’espace d’un geste sûr.// Sa main commande //    l’envol des signes. // Au portrait chinois, il serait oiseau (…)

Les éléments plastiques structurant la dynamique d’exposition de l’écriture se limitent pour l’essentiel à un vocabulaire d’une extrême simplicité : une ligne droite ou courbe, trait de plume ou de pinceau d’épaisseur variable, et des taches d’encre noire. Il ne s’agit pas tant d’illustrer ce que le texte dit, par une redondance iconique, mais de rendre visible et sensible, par le jeu des signes, le mouvement d’émergence du sens. L’oeuvre établit dès lors un rapport d’homologie entre la matérialité de l’écriture et la thématique que celle-ci explore. Se hissant du bas vers le haut de l’écran, des mots cerclés d’une ligne de crête se font montagne ; désagrégée par la chute des caractères qui la composent, une autre phrase s’effrite comme une dune de sable :

Pourtant il est plus solide que la pierre des montagnes // qui s’effrite sous le pied // plus    ferme que la dune qui glisse sous la langue du vent (…)

Le texte initial, on l’a dit, se réfère à un calligraphe chinois pour en dessiner le portrait. Le paradoxe est qu’au terme de son déploiement visuel, la référence semble s’être déplacée pour désigner le processus même qui a fait surgir le poème sous nos yeux.

La musique participe elle aussi à la structuration du sens. Nous avons donc affaire à une œuvre polysémiotique et multisensorielle. Détaché de son support papier, le poème renoue de cette manière avec la dimension auditive qui lui était consubstantielle au Moyen-Age dans la bouche des trouvères et troubadours, en même temps qu’il trouvait des supports de diffusion davantage pérennes dans des manuscrits plus ou moins richement enluminés.

C’est d’une lumière nouvelle que s’éclairent à présent les textes, dans l’environnement numérique contemporain. De l’Orient à l’Occident, l’oeuvre de Bernard Vanmalle et de ses quatre partenaires contribue à jeter un pont entre les traditions culturelles les mieux établies et un monde virtuel dont presque tout reste à explorer. Et son travail le montre déjà clairement : en matière de poésie comme en de multiples autres domaines, la technologie élargit le champ des possibles.

Carmelo Virone, critique littéraire  Bruxelles, septembre 2015

 ce poème numérique est le plus récent de Bernard Vanmalle qui a déjà créé une série intitulée Mots/Silence. Malheureusement cette série utilisait la technologie flash qui ne passe plus sur internet…

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