Les instants originels

Un livre de Bernard Vanmalle édité aux éditions Villa-Cisneros, avec des poèmes et illustrations de l’auteur.

Extrait du livre

Quand les autres ne voient pas

Ils passent. Un extraordinaire lever de soleil embrase Paris ; tu penses qu’il se lève sur Amsterdam, sur Marseille, sur le Sahara, sur les neiges arctiques ; les flèches et les coupoles se découpent en ombres chinoises sur le projecteur blanc du crépuscule.

Ils passent – presque en courant / Je suis le seul arrêté / Les bras ouverts pour recevoir l’hostie qui naît / Ce déchirement entre leur monde/d’ombres/pressées et la splendeur / de / l’aube te donne envie de / hurler, ton cœur entre appel / à l’unité et besoin de / fraternité / tu souffres de vouloir arrêter ces milliers de masses noires qui traversent le parvis de la Défense / Entre les cathédrales / du pouvoir moderne / Les menhirs colossaux de la / Babylone contemporaine / Ces lieux traversés par des courants/ d’or /imaginaire qu’ils appellent argent.

Ils/passent de profil semblables à/des monnaies/antiques. Seul un /clochard est assis qui demande des pièces. Tu/ te/ tiens/ face, éclairé /au brillant.

Si les hommes goûtaient l’enchantement du monde, nous ne serions pas plongés dans la barbarie que nous connaissons ; car notre monde caparaçonné de métaux électroniques, de verres fumés, d’armures inviolables… notre monde est barbare. Et j’appelle barbare qui s’indiffère du vivant,  qui invente le soleil noir de la bombe et se détourne du soleil blanc des commencements.